À Sète, les voix vives s’entendent aux quatre coins des rues. Chuchotées, énoncées, soufflées, parfois criées. Je divague dans la ville au rythme d’un lent poème. L’oreille attentive, le regard frivole, mes pensées se perdent parfois dans le vide, bercées par l’ambiance chaude. Entre sieste improvisée et assoupissement musical, les poètes proposent une ode en dilettante.
Un oiseau magnifique m’ouvre la voie, les ailes déployées devant mon être sans voix. Je souhaiterais entendre son cri, son sentiment, ses sensations, en vers ou en prose. Lorsqu’arrive notre face à face, il n’y a pourtant rien d’autre que le silence.
Sous la chaleur lourde de Sète, les mots semblent étouffés. Entre les lectures de poésie et la contemplation des textes dits, l’observation serait le seul langage possible. De mes yeux, je cherche un signe, une réponse, un espoir. Je caresse le plumage de l’oiseau en fleur. Qu’il me lise son poème, qu’il m’explique son art ! Je voudrais sillonner la ville avec un cœur moins fragile, saisir la poésie de tous ces enivrés.
Les coulisses des Voix vives se décryptent à mon passage. Je profite de la frénésie dans l’intimité des poètes. À l’heure des mots appréhendés et des finals heureux, je me laisse guider par un vol renouvelé. Je suis obstiné par l’oiseau, poésie au sein des poèmes. Je rêve d’une rime, d’une introduction, ou même d’un titre. Rien.
Au moment de fermer mes yeux dans la chaleur dissipée de Sète endormie, ne me reste pour seule satisfaction que le silence.